Le fonds ancien de la Chambre de commerce de La Rochelle (page 1/3)
La Chambre de Commerce : 1719-1791

 



       Afin de faciliter les moyens de faire fleurir et étendre le Commerce, le roi Louis XIV crée en 1700 un Conseil du Commerce. Un négociant des principales ville  s de négoce du Royaume, dont La Rochelle, doit y siéger. L'année suivante, le roi décide d'établir dix Chambres de Commerce dans les villes de Bayonne, Bordeaux, La Rochelle, Lille, Lyon, Nantes, Montpellier, Rouen, Saint-Malo et Toulouse. Les créations s'échelonnent de 1700 à 1726. Dans certaines villes, les juridictions consulaires, catholiques, ne voient pas d'un bon œil l'arrivée de négociants protestants aux affaires.Tel est le cas à La Rochelle où la Chambre de Commerce est finalement créée par arrêt du Conseil d'Etat du Roy le 15 juillet 1719. Elle devient ainsi la 9ème Chambre de France.   





     Depuis le XVIe siècle, les négociants avaient pris l'habitude de se réunir dans un lieu appelé canton des Flamands, actuellement situé rue Chef-de-Ville. Vêtus d'habits à la française, ils opéraient leurs transactions et discutaient les affrètements avec les armateurs. Pour remédier aux inconvénients de cette Bourse de commerce improvisée, qui n'avait pour abri que quelques porches, les marchands louaient une salle à un cafetier.


      Avec la création de la Chambre, les marchands ont enfin un lieu officiel de réunion. Ils partagent les locaux de la juridiction consulaire qui ne leur offrent qu'un espace somme toute réduit. Aussi, suite à un incendie des bâtiments, les différents négociants décident la construction, à leurs frais, au même endroit d'un Hôtel beaucoup plus vaste dessiné par un ingénieur des Ponts et Chaussées, Pierre Hüe. La construction de l’Hôtel débute en 1760. La première phase des travaux dure 5 ans. L’hôtel se compose d’un corps de bâtiment sur la rue du Palais et de deux ailes latérales encadrant une cour : l’aile gauche est destinée à la Chambre de Commerce, l’aile droite au Tribunal de Commerce. Le principe des porches et galeries ouvertes est largement utilisé permettant aux marchands de circuler librement et de traiter leurs affaires. La vocation de cet hôtel, construit par et pour des négociants-armateurs est clairement évoqué dans les sculptures de la façade côté cour : elles représentent les instruments de navigation et deux poupes de navires finement sculptées.

      Entre 1784 et 1786, un agrandissement est réalisé prolongeant les deux ailes latérales jusqu’à la rue Admyrault. Un péristyle, à la mode parisienne, relie alors avec élégance les deux corps de bâtiments et sépare la cour du jardin.

     Au XVIIIe siècle, l’hôtel de la Bourse connaît une immense activité. C’est dans sa cour, entre 11 heures et 13 heures que s’échangent les papiers commerciaux. La Chambre de Commerce est dirigée par un Directeur, assisté de quatre syndics, désignés pour deux ans par le Roi sur proposition d'une assemblée des 30 principaux négociants rochelais. Un secrétaire permanent est chargé de la rédaction des mémoires, de la tenue des divers registres comme ceux des polices d'assurance sur navires et sur les marchandises. Comme les autres Chambres, l'établissement consulaire de La Rochelle envoie un "député" au Conseil du Commerce à Paris, chargé de la représenter et de défendre les intérêts de la ville ainsi que de ses armateurs et négociants. Le rôle principal d'une Chambre de Commerce est alors de donner son avis sur toute décision concernant le commerce de France à travers la rédaction de mémoires, de propositions, de requêtes des négociants. Dans ses nombreux comptes-rendus sur l'activité économique du port et de sa région, la Chambre demande au Roi, généralement en vain, de lui accorder divers privilèges. Elle réclame avec acharnement, par exemple, le curage du port et le creusement d'un nouveau bassin.  

      Elle a également une mission judiciaire. Un arrêt de 1710 prévoit qu'aucun parère (actes de notoriété, délivrés en la forme de certificats à produire dans les procédures judiciaires ou arbitrales) n'a d'autorité sans être auparavant approuvé par la Chambre de Commerce. Elle s'adjoint également les services d'un avocat pour répondre aux consultations à présenter au Conseil du Commerce et aux secrétaires d'Etat.

 



          La Rochelle connaît alors la période la plus prospère de son histoire. De 1718 à 1751, la flotte passe de 52 à 118 navires qui fréquentent principalement Saint-Domingue, la Louisiane et surtout le Canada. Outre le commerce des produits coloniaux (sucre, indigo, tabacs etc..), la ville tire surtout profit de l'importation des pelleteries d'Amérique du Nord. La Rochelle a une place importante en Europe grâce à la réexpédition des produits coloniaux et à l'exportation de la seule vraie richesse de son terroir, les eaux de vie. Mais la guerre de sept ans avec l'Angleterre (1756 - 1763) porte un coup fatal à son commerce.

    La Chambre de Commerce présente en 1761 un célèbre mémoire au ministre Choiseul sur les conséquences dramatiques pour la France et en particulier pour la Rochelle de la cession du Canada à l'Angleterre (1763). En dépit de cette perte inestimable, le commerce rochelais trouve dans la traite des noirs, commencé vers 1740, une autre source de profits devenant après Nantes et Bordeaux le troisième port négrier français. Enfin, le grand commerce du café (à partir de 1770) permet aux négociants de vivre la dernière grande époque économique de la ville.


          Bien plus que la révolution française, c'est la révolte des noirs à Saint-Domingue et la perte de la plus importante et de la plus riche colonie des Antilles en 1791 qui ruinent les armateurs rochelais. Nombreux y avaient investi leurs capitaux. La même année, l'Assemblée Constituante supprime les Chambres de Commerce en même temps qu'elle abolit les corporations.


 

       

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